vendredi 11 juin 2010
Le peintre dort paisiblement, sans bruit, sa respiration est à peine audible. J’embrasse les murs d’un regard, couverts de dessins, d’aquarelles, de photos. Je suis dans tous ses tableaux. Toujours de dos mais ce n’est pas mon dos, vraiment. Tout mon dos est tatoué. Des bras de méduse et au centre, entre mes omoplates, la tête hurlante d’une sorcière sacrifiée. Le peintre n’a jamais peint la méduse, il aime mes hanches, la courbure de ma nuque, le creux entre mes omoplates, ma peau nue qu’il imagine blanche et parfaite sous l’encre noire pâlie. Il caresse ma peau le soir lorsque je m’endors contre son flanc. J’oublie souvent qu’elle est là, je m’y suis habituée, depuis dix ans qu’elle m’enlace de la nuque jusqu’aux reins.
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